Ressource enseignant - Article de vulgarisation
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L'Agenda local 21 recommande l'implantation de l'éducation à la viabilité auprès du public et dans l'enseignement formel. Les objectifs de ce type d'éducation ont été définis par quelques auteurs sans toutefois que des stratégies spécifiques aient encore été proposées pour réussir cette éducation. Les mouvements de communautés viables ont donné naissance à des indicateurs de viabilité ainsi qu'à des solutions pour améliorer les aspects sociaux, économiques, culturels, écologiques et de santé d'une communauté. Ces indicateurs et solutions sont présentés ainsi que des pistes d'interventions pédagogiques pour réaliser l'éducation à la viabilité urbaine auprès de groupes sociaux et scolaires. Le chapitre 36 d'Agenda local 21, intitulé Promotion de l'éducation, de la sensibilisation du public et de la formation recommande l'implantation de l'éducation à la viabilité auprès du grand public et à tous les niveaux d'enseignement. Les objectifs de l'éducation à la viabilité, récemment énoncés, sont nombreux et ambitieux. Voici quelques-uns de ces objectifs, tels que définis par McKeown (2001) : - développer, chez les apprenants, une connaissance et une compréhension des principes de base du développement viable, tel qu'appliqué en sciences naturelles, en sciences sociales, en économie, en architecture, en arts, etc. ;
- les informer au sujet des principaux problèmes environnementaux (écologiques, économiques et sociaux) auxquels les êtres humains doivent trouver des solutions pour assurer leur survie ;
- développer, chez les apprenants, l'habitude de penser selon certaines perspectives :
- les perspectives historique et future,
- le lien entre les controverses locales et globales,
- les attributs universels des être humains,
- l'habitude de considérer différents points de vue avant de porter un jugement ou de prendre une décision,
- l'idée que la science et la technologie ne peuvent résoudre tous les problèmes,
- le fait que les individus agissent et interagissent en fonction de leurs valeurs économiques, religieuses, sociales et de leurs intérêts personnels ;
- encourager l'adoption de valeurs liées au développement viable telles les valeurs spirituelles, la valorisation d'un style de vie moins consommateur, l'importance écologique des terres laissées à l'état naturel, l'identité et l'entraide communautaire, etc. ;
- développer les compétences nécessaires à une prise en charge raisonnée des ressources régionales :
- communiquer de façon efficace,
- penser de manière systémique,
- réfléchir en incluant une dimension temporelle : prédire, penser au futur, planifier,
- analyser des valeurs de façon critique,
- distinguer les notions de quantité, de qualité et de valeurs,
- passer à l'action,
- agir de façon collaborative,
- utiliser des processus mentaux tels que connaître, s'interroger, agir, juger, imaginer, faire des liens, valoriser et choisir,
- démontrer une réponse esthétique concernant l'environnement (McClaren, 1989).
Les objectifs présentés ci-haut sont pertinents et prometteurs. Certaines stratégies pédagogiques pour atteindre ces objectifs ont déjà été proposées en éducation relative à l'environnement : la résolution de problèmes environnementaux et l'implication dans l'action, l'éducation aux valeurs environnementales, le développement de la sensibilité au milieu naturel, l'éducation au futur, etc. De nouvelles stratégies peuvent également être élaborées en s'inspirant de la littérature maintenant disponible sur les villes viables. Dans cet article, nous effectuons une synthèse des écrits portant sur les problèmes urbains et sur les villes durables. Nous nous attardons particulièrement aux actions qui peuvent être réalisées pour améliorer la durabilité d'une communauté. Des stratégies d'éducation à la viabilité urbaine sont enfin proposées.
Register (1990) décrit les villes comme des endroits fertiles où grandissent les idées, les sciences, l'art et l'innovation. Hancock et Duhl (1986) ajoutent que c'est dans les villes que l'on retrouve la plus grande variété de talents, de ressources, de projets créateurs et de transactions humaines. Malgré ces qualités et l'attrait que les villes contemporaines exercent sur les populations, ces agglomérations représentent des sources et des sites typiques de nombreux problèmes environnementaux et sociaux. Voici une liste de problèmes engendrés par la forme, le type de gouvernement et les habitudes des villes d'aujourd'hui : - les automobiles, omniprésentes dans les villes, engendrent une surconsommation de carburants fossiles, influencent la physiologie urbaine, diminuent les rapports sociaux entre les citoyens et entre les générations, polluent l'air et contribuent, à cause des stationnements et des autoroutes, au gaspillage de terres agricoles (Richardson, 1992) ;
- l'expansion latérale des villes pour la construction de banlieues, gaspille également des terres agricoles tout en entraînant des coûts d'infrastructure élevés ;
- l'emphase sur une économie nationale ou internationale plutôt que locale multiplie l'utilisation des carburants fossiles pour le transport des biens. Ce type d'économie augmente le coût d'achat des produits et défavorise la création d'emplois pour la population locale ;
- la disposition des déchets contribue à la pollution des sols et à une surconsommation d'énergie pour leur transport et leur combustion (White et Whitney, 1992) ;
- c'est dans les villes qu'on retrouve le plus grand nombre de problèmes de santé : maladies psychologiques et respiratoires, insécurité due au manque d'emploi, exclusion et marginalisation des immigrants (Tsouros, 1990)… ;
- les citoyens ont perdu le contrôle de leur communauté. En effet, les décisions urbaines sont souvent prises par des gouvernements éloignés ou par des entreprises préoccupées davantage par leurs besoins pécuniers que par les priorités locales (Nozick, 1992) ;
- l'identité locale et la diversité culturelle sont remplacées par une culture de consommation homogène : les mêmes architectures, magasins, produits, musique et modes de pensée (Hough, 1990). Les villes d'aujourd'hui, qui se ressemblent souvent d'un pays à l'autre, sont construites pour avoir l'air prestigieuses et riches (Short, 1989) ;
- les banlieues, avec leurs terrains uniformes recouverts de gazon et de fleurs, favorisent une diminution de la biodiversité (Hough, 1990) ;
- les centres commerciaux encouragent peu les rapports sociaux et diminuent le contact des citoyens avec la culture locale, les éléments naturels et climatiques (Hough, 1990) ;
- les autoroutes conditionnent l'expérience environnementale des citoyens qui se limite souvent à une circulation à l'intérieur d'un véhicule dans un corridor bordé des mêmes plantes, entre les lieux de travail et de repos (Hough, 1990). Ce type d'expérience défavorise le développement de l'identité écologique ;
- les toxines présentes dans l'air détruisent la végétation ainsi que les trésors artistiques et architecturaux (Roelofs, 1996) ;
- les quartiers et leurs attributs ne sont pas adaptés aux besoins d'organisation et de loisirs de certains groupes sociaux tels les femmes, les personnes âgées, les handicapés, les adolescents… (Short, 1989) ;
- les sols urbains contiennent souvent du mortier, des restes de bâtiments, de tuyaux et de verre. Ces sols compactés qui manquent d'azote vont favoriser un certain type de succession végétale. Les sols situés près des industries renferment souvent du cuivre, du zinc, du boron et du plomb, substances nuisibles à la santé des citoyens (Gilbert, 1989) ;
- les villes prolifèrent d'espèces végétales introduites à cause des jardins, des matières échangées le long des voies ferrées et en raison d'une dissémination accrue par les piétons et les pneus d'automobiles. Ces espèces végétales remplacent les plantes indigènes, plus résistantes et meilleures pour la régénération des sols (Gilbert, 1989) ;
- le climat des villes est plus chaud (de 0,5 à 1,5°C) que celui des campagnes environnantes. La nuit, la chaleur diurne absorbée par les bâtiments et l'asphalte est relâchée et demeure captive dans les rues étroites et les espaces fermés. Cette chaleur, accompagnée d'une humidité réduite par rapport à la campagne, nuit aux citoyens âgés et affaiblis (Gilbert, 1989) ;
- dans les villes, le vent frappe les hauts bâtiments et est accéléré au sol. Ce vent peut renverser les citoyens et défavorise la croissance des feuilles dans les arbres (Gilbert, 1989) ;
- la présence d'asphalte dans les rues accélère l'échappement de l'eau de pluie dans les égouts qui deviennent surchargés et déversent leur contenu de coliformes dans les cours d'eau, endommageant ainsi la faune aquatique (Gilbert, 1989) ;
- les différents stresseurs de l'environnement, c'est-à-dire les polluants, le bruit, les foules, les fumées, la sur-information (les lumières clignotantes, les signaux visuels et sonores), les vitrines des magasins, les véhicules rapides (qui exigent une concentration constante) et les relations humaines instables, repoussent les limites des citoyens qui deviennent irritables et enclins à la violence. La violence urbaine crée de l'insécurité et diminue les rapports sociaux (Girardet, 1993).
Une solution: les villes viables En réaction aux problèmes urbains énumérés ci-dessus, différents mouvements de villes viables ont vu le jour : les villes et villages en santé, les villes vertes, les villes durables et les villes écologiques. La ville en santé est une ville où on crée et améliore constamment l'environnement physique et social. Elle donne de l'expansion aux ressources communautaires qui permettent aux gens de s'entraider dans la réalisation des fonctions de la vie et dans le développement maximal de leur potentiel (Hancock et Duhl, 1986). Le mouvement des villes en santé, chapeauté par l'Organisation mondiale de la santé, fait la promotion d'une nouvelle définition de la santé. Il s'agit non plus d'une absence de maladie, mais d'un état complet de bien-être physique, mental et social. La ville devient un jardin où grandissent les personnes. La ville verte vise la conservation des ressources, la réduction des déchets et des toxines, la justice sociale, un processus décisionnel participatif, la santé des citoyens et la vitalité culturelle (Roelofs, 1996). La ville durable est une cité où la justice, la nourriture, l'abri, l'éducation, la santé et l'espoir sont distribués de manière équitable et où toutes les personnes participent à la gouvernance (Rogers, 1998). C'est une ville magnifique où l'art, l'architecture et les paysages marquent l'imagination et stimulent l'esprit ; une ville créative où l'ouverture d'esprit et l'expérimentation mobilisent le plein potentiel des ressources humaines et permettent une réponse rapide au changement. C'est également une ville écologique où l'impact sur la nature est minimisé et les ressources naturelles employées de façon efficiente. C'est un endroit compact et polycentrique où les contacts sont faciles et où de très nombreuses activités créent de l'animation et de l'inspiration. La ville durable encourage la vie publique tout en s'harmonisant avec la nature (Nozick, 1992). La culture ou les cultures de la communauté y sont mises en évidence et valorisées. L'économie y est autosuffisante, ce qui contribue à la création d'une richesse locale, à la conservation de l'énergie et à la réutilisation des ressources (l'argent demeure dans la communauté). Les principes de la ville écologique sont la vie, la beauté et l'équité (Register, 1985). L'environnement urbain devient un environnement sain qui représente une source d'aventures et qui supporte les besoins et désirs des individus et des collectivités. La beauté occupe une place importante dans le style des édifices et dans les voies de transport. La justice y existe pour toutes les personnes ainsi que des opportunités de choisir, de créer et de vivre l'expression de leur plein potentiel. C'est un milieu où règne la biodiversité humaine, végétale et animale. Si on voulait résumer les diverses théories des villes viables, on pourrait dire qu'une communauté peut être viable : - au plan social : si les personnes sont attachées entre elles, s'offrent un support mutuel, participent aux décisions publiques et évitent l'exploitation mutuelle. Ce type de communauté, cohésive et plus saine pour ses membres, au point de vue psychologique, a plus de chances de devenir économiquement prospère et d'affronter ses problèmes avec succès ;
- au plan environnemental : si les écosystèmes sont stables, en santé et si les ressources naturelles sont utilisées de façon à être disponibles à long terme ;
- au plan santé : si toutes les personnes peuvent répondre à leurs besoins de base, démontrent un niveau de santé élevé ainsi qu'un faible niveau de stress, tout en ayant accès, dans la communauté, à une variété d'expériences, de ressources et de contacts ;
- au plan économique : si les ressources économiques sont diversifiées, si les compagnies et commerces font preuve d'innovation et si on y applique les principes de l'autosuffisance ;
- au plan culturel : si l'architecture et les événements communautaires encouragent et démontrent un lien avec le passé et avec le milieu naturel et si, dans la communauté, on peut observer des particularités naturelles et culturelles.
Le cadre conceptuel proposé ci-dessus représente une source d'inspiration pour la réalisation d'actions environnementales qui orientent progressivement une communauté vers la viabilité. Ce cadre conceptuel facilite également, comme on le verra plus loin, la création d'une variété d'interventions pédagogiques en éducation à la viabilité urbaine.
Les actions vers une communauté viable Diverses actions de viabilité ont été proposées et accomplies partout dans le monde par des ingénieurs, des artistes, des urbanistes, des architectes… et de simples citoyens. Le tableau 1 rapporte quelques-unes de ces actions ainsi que leurs répercussions sur les divers aspects de la viabilité d'une communauté. Dans ce tableau, on remarquera que chaque action posée a souvent des conséquences sur plusieurs aspects de la viabilité : social, environnemental, santé, économique ou culturel. Les actions rapportées dans le tableau 1 peuvent être réalisées avec un groupe scolaire, un groupe communautaire ou par une municipalité. Tableau 1 Idées d'actions de viabilité
Idées d'actions | Aspects de la communauté qui sont améliorés | 1. | Le long des autoroutes et des routes principales, planter des arbres et plantes indigènes (à l'aide de plants ou en jetant des graines) (Hough, 1990). | 1. | Environnemental et culturel Cette mesure : diminue le bruit et la poussière ; encourage la vie sauvage (les animaux y chassent, s'y cachent, y voyagent, s'y nourrissent et y font leur nid) ; attire le regard intéressé des automobilistes (leur permettant de tisser un lien avec la nature de leur milieu) ; est mémorable pour les touristes ; évite l'érosion des sols ; réduit la vélocité des vents.
| 2. | Améliorer l'apparence du centre-ville en y ajoutant des fontaines, des abris qui assurent l'ombrage et la protection du vent, des bancs, des œuvres d'arts locales, des jeux pour les enfants.
Des petits canaux pour recueillir l'eau de pluie peuvent également être aménagés.
| 2. | Social, culturel et économique Le centre-ville devient plus attrayant. Les citoyens et les touristes s'y arrêtent, ce qui leur permet de communiquer entre eux. La fontaine rafraîchit l'air durant l'été et attire le regard.
| 3. | Encourager la construction d'édifices et de maisons démontrant la qualité et l'originalité de la culture locale (Rogers, 1998).
Ces édifices sont conçus en fonction de la topographie, du climat et des matériaux locaux (Papanek, 1995).
| 3. | Culturel, économique et santé Ces particularités culturelles attirent les touristes. Ces bâtiments servent de points de repère pour aider les gens à retrouver leur chemin dans la ville.
| 4. | Prévoir des événements culturels dans le centre du village (Roelof, 1996). | 4. | Culturel, social et économique Les citoyens s'identifient à leur communauté et ont davantage envie de la protéger et de l'améliorer. Les touristes en bénéficient.
| 5. | Encourager l'ouverture de restaurants-santé (Roelof, 1996). | 5. | Santé et économique Les touristes sont intéressés par la diversité des services. Les citoyens sont éduqués à la santé.
| 6. | Construire des sentiers pédestres ou cyclables qui relient l'école, le parc, la plage, les commerces, les endroits touristiques, les industries… (Berg, Magilavy et Suckerman, 1989). | 6. | Santé, culturel, social et environnemental Les citoyens sont plus en santé. Ils délaissent leur automobile, ce qui leur permet de se rencontrer et ce qui diminue la pollution automobile. Ils sont en contact avec leur milieu naturel et leur histoire, ce qui augmente leur identité communautaire.
| 7. | Dans le centre-ville, prévoir des routes à circulation ralentie avec des arbres, des courbes douces ou des bosses (Register, 1990). | 7. | Social et environnemental Les citoyens et touristes délaissent leur automobile pour marcher. Ils ont l'occasion de se rencontrer et la pollution automobile est diminuée.
| 8. | Prévoir des surfaces au sol qui sont agréables ou originales pour marcher : en pierres, roches parsemées dans un sentier ou dans un petit étang (Papanek, 1995). | 8. | Culturel et économique Cette mesure enrichit l'aspect esthétique d'un milieu. Les citoyens et touristes ont tendance à y marcher et à s'y sentir en sécurité.
| 9. | Laisser certains terrains redevenir naturels, sans y intervenir. Prévoir des corridors verts entre ces terrains naturels (Gilbert, 1989). | 9. | Environnemental et santé Les plantes vont se régénérer et les animaux vont revenir. Les animaux circuleront dans les corridors verts.
| 10. | Conserver et mettre en valeur les paysages naturels grandioses. Prévoir des lieux d'observation pour contempler ces paysages de façon solitaire (Berg, Magilavy et Zuckerman, 1989). | 10. | Santé, environnement, culturel et économique Les citoyens vont s'attacher à leur milieu naturel et en prendre soin. Les touristes seront attirés. Les paysages grandioses inspirent le calme et la créativité. Les paysages de pollution provoquent le désespoir.
| 11. | Encourager dans la communauté la construction de lieux de rassemblement : place centrale, restaurants typiques, cafés, centres communautaires (Engwicht, 1992).
Certains architectes suggèrent de regrouper ensemble les magasins, restaurants, lieux de travail et résidences dans des espaces où les gens peuvent circuler à pied. Cette mesure permet aux gens de se rencontrer tout en réduisant la pollution automobile. (Hygeia Consulting, 1997).
| 11. | Social et économique Permet aux citoyens de resserrer leurs liens. Attire les touristes. Les commerces vont avoir tendance à s'installer dans ce type d'endroit, favorisant la prospérité économique.
| 12. | Planter en milieu construit des jardins potagers et des arbres fruitiers (le long des rues…). Ces plantes peuvent aussi être placées sur les toits (Register, 1990). | 12. | Santé et environnemental Les citoyens moins riches peuvent s'y nourrir. Les animaux y mangent et s'y cachent. Les arbres procurent de l'ombrage. Les sols sont utilisés à leur plein potentiel.
| 13. | Consulter les aînés et employer leur souvenirs pour reconstruire, dans le centre-ville, les particularités culturelles et l'atmosphère locale d'autrefois (Day, 1990). | 13. | Social, culturel et économique Les citoyens vont s'identifier à leur communauté. Les touristes vont manifester de l'intérêt.
| 14. | Créer des lieux où les citoyens vont échanger des objets usagés au lieu d'en acheter de nouveaux. | 14. | Social et environnemental Occasion pour les gens de se rencontrer. Permet l'économie des ressources.
| 15. | Consulter les aînés, les adolescents, les mères de familles ou les handicapés pour construire des lieux adaptés à leurs besoins (Hough, 1990). | 15. | Santé, social et environnemental Permet à ces personnes de profiter pleinement de leur environnement. Plus sain sur le plan psychologique.
| 16. | Restaurer en groupe des écosystèmes du milieu : les plages, les marais, les ruisseaux, la forêt… (Register, 1990). | 16. | Social, environnemental, santé et économique Permet aux gens de se rencontrer et de s'identifier à leur communauté. Favorise la salubrité de l'environnement et l'absence de maladies telles le cancer et les maladies pulmonaires et intestinales.
| 17. | Créer un jardin ou une ferme communautaire où on utilise des techniques biologiques (McLaughlin, 2001). | 17. | Social, environnemental, santé et économique Permet aux gens de se rencontrer. Assure une meilleure qualité alimentaire. Apprend aux gens des techniques agricoles plus saines. Peut permettre de nourrir les familles pauvres. Augmente la beauté du milieu. Attire oiseaux et papillons. Permet à une partie de la population d'être autosuffisante pour son alimentation.
| 18. | Adopter des entreprises locales (hôtels, restaurants, industries) et les éduquer à l'économie d'énergie et à l'emploi de produits écologiques (Langis, 2000). | 18. | Environnemental, santé et économique Coûts d'électricité diminués. Moins d'impact sur le changement climatique. Moins de pollution de l'environnement.
| 19. | Prévoir des abris ombragés sur les plages. | 19. | Santé et économique Protège les gens contre les méfaits du soleil. Fait le bonheur des touristes âgés ou malades.
| 20. | Planter des arbres dans les stationnements (Hough, 1995). | 20. | Environnemental, économique et santé Embellit les stationnements. Protège les autos et leurs conducteurs. Évite le gaspillage complet de ces terrains.
| 21. | Participer en groupe aux réunions municipales (Beauchamp et Dionne, 1997). | 21. | Tous les aspects, en fonction des préoccupations La participation des citoyens aux décisions favorise leur prise en charge de l'environnement et leur respect. |
L'éducation à la viabilité urbaine Les créateurs des idées de viabilité énumérées ci-dessus ont probablement expérimenté les étapes successives de la résolution d'un problème environnemental : observation d'un problème urbain dissonant par rapport à leurs valeurs ou besoins, réflexion critique et créative, production de solutions alternatives, application d'une solution et finalement prise de conscience de leur capacité d'agir et des conséquences pratiques de leur action. Un processus éducatif en quatre étapes, basé sur la résolution de problèmes, pourrait être élaboré de façon à permettre à d'autres citoyens de créer et d'appliquer des idées de viabilité dans leur milieu. Les étapes du processus éducatif seraient les suivantes : - comprendre, expérimenter et valoriser le concept de viabilité,
- observer et évaluer sa communauté,
- réinventer sa communauté,
- agir et partager les actions accomplies.
À la première étape (comprendre, expérimenter et valoriser le concept de viabilité), les apprenants pourraient être informés de façon traditionnelle sur les problèmes urbains ou incités à chercher des informations à ce sujet dans les documents disponibles. À partir de photos, une démarche de découverte pourrait, par la suite, être employée pour faire connaître aux apprenants les moyens originaux que les citoyens du monde ont trouvés pour améliorer la viabilité urbaine. Pourquoi les citoyens de Berkeley ont-ils commencé à évaluer l'état de la biodiversité dans des terrains urbains laissés à l'état naturel? Pourquoi les citoyens de Moncton ont-ils établi un sentier entre une industrie et un site touristique? Quels sont les avantages de ces actions aux plans social, économique, écologique, santé ou culturel? Le concept de viabilité pourrait également être intériorisé en encourageant la réflexion des apprenants au sujet de la viabilité de leurs modes de vie. Leurs relations avec les autres sont-elles viables? Les biens qu'ils achètent? Leur façon de travailler? De se nourrir? De gérer leurs finances? Les apprenants pourraient ensuite être invités à choisir et à expérimenter, pendant un laps de temps déterminé, des modifications à leurs modes de vie pour les rendre plus viables. Ils pourraient décider par exemple de tendre vers une santé viable, de pratiquer une consommation de biens et une vie sociale plus durables, de démontrer leur culture d'appartenance ou leur respect pour le milieu naturel, de fréquenter des endroits qui contribuent à leur propre viabilité, etc. Une analyse des contraintes et avantages du vécu de ce nouveau type de comportements compléterait la démarche, ainsi que la production de dessins illustrant des maisons et endroits publics où les individus démontrent des modes de vie viables. La deuxième étape, observer et évaluer sa communauté, consisterait en une évaluation systématique et critique du milieu d'appartenance : arpenter celui-ci pour y examiner la vie sociale, culturelle, économique, écologique ainsi que la santé ; prendre des photos, en faire une exposition et une analyse ; représenter ses découvertes à l'aide de cartes, de lignes du temps, d'un calendrier saisonnier ; résumer ses observations à l'aide de phrases-clés (Mon milieu est un endroit pour…) ; tester l'eau, le sol, l'air ; évaluer la biodiversité ; considérer son milieu du point de vue d'un adolescent, d'un commerçant, d'un résident malade, d'un artiste ; ouvrir ses sens pour ressentir et énumérer les effets physiques et psychologiques de différents sites urbains ; faire raconter des histoires par des citoyens pour comprendre les origines des problèmes et les façons de faire et contraintes locales (pour établir progressivement un dialogue avec les personnes concernées par les problèmes) ; évaluer l'état de santé des citoyens et écosystèmes de la communauté (ou du quartier) et identifier les stresseurs environnementaux… Ici, l'approche expérientielle, qui assure une meilleure prise de conscience, pourrait être complétée par l'emploi d'outils technologiques tel le SIG (Système d'information géographique). Le thème intégrateur de la qualité de vie, thème susceptible d'intéresser le plus grand nombre de groupes sociaux, pourrait constituer le thème central de la recherche-terrain. Des indicateurs spécifiques de qualité de vie (pour l'économie, l'écologie, la santé…) pourraient également être examinés : la qualité du logement, l'utilisation durable des terres, le transport efficace, l'intégrité du milieu naturel, la quantité et la qualité des emplois, la sécurité, etc. Un problème qui préoccupe les apprenants pourrait finalement être choisi pour analyse et résolution. Durant la troisième étape (réinventer sa communauté), les éducateurs pourraient mettre à profit des techniques de vision et de créativité. Hancock (1993) a mis sur pied une activité de vision durant laquelle il invite les participants à visualiser leur communauté idéale et à imaginer comment les personnes y sont soignées, éduquées et y travaillent. Les techniques de créativité d'Osborn (1963) pourraient également être employées pour générer des idées de durabilité à partir de photos prises dans la communauté locale ou à partir d'images d'actions viables accomplies ailleurs dans le monde. Ces techniques sont les suivantes : - l'addition : Que pourrait-on ajouter à cette idée?
- l'amélioration : Comment cette idée pourrait-elle être améliorée?
- l'aspect sensoriel : Comment cette scène urbaine pourrait-elle être transformée pour améliorer les paysages sonores des citoyens?
- le remplacement : Qu'est-ce qui pourrait être retiré et remplacé par un meilleur élément?
- la multiplication : Et si on multipliait tel ou tel élément?
- la soustraction : Que devrait-on enlever?
- la technique vice-versa : Pourrait-on renverser les rôles? Commencer par la fin?
- la combinaison : Quelles idées pourraient être combinées entre elles?
Les idées produites grâce à ces techniques de créativité pourraient être employées pour résoudre le problème urbain identifié à la deuxième étape du processus éducatif. Une autre technique d'éducation au futur, permettant la prévision d'un avenir immédiat, moyen ou éloigné pourrait finalement être employée : l'analyse des tendances. Cette technique consiste à prédire l'avenir de diverses situations tels le style de vie des citoyens contemporains, l'accumulation des polluants, l'emploi généralisé des techniques d'information et de communication, etc. Les apprenants pourraient également consulter des experts du domaine étudié pour vérifier si leurs prédictions sont réalistes. Une analyse des hypothèses des futurologues (Coates et Jarratt, 1989 ; Kahn et Wiener, 1967 ; Nanus, 1992 ; Heilbroner, 1995) pour l'avenir de la terre pourrait finalement être réalisée et contribuerait à alimenter la réflexion au sujet de la viabilité des modes de vie contemporains. À la quatrième étape (agir et partager les actions accomplies), une action de viabilité pourrait être planifiée et accomplie. La réalisation d'une action est importante, car elle encourage le développement d'un sentiment de pouvoir agir et favorise ultérieurement l'implication des apprenants dans d'autres processus d'actions (Pruneau, Chouinard, Arsenault et Breau, 1999). Le partage de l'action accomplie avec d'autres communautés renforce l'identité et la fierté communautaires. Les échanges au sujet des actions de viabilité assurent progressivement l'émergence de valeurs sociales telles l'importance de la viabilité locale et de la participation à la gouvernance.
Le concept de viabilité est un concept important à discuter en éducation relative à l'environnement. Ce concept attire l'attention sur la survie et le bien-être des individus et des communautés. De nos jours, les modes de vie individuels et les décisions municipales et économiques sont orientés vers le court terme et la rencontre des besoins immédiats. Les lieux de vie véritablement présents dans la conscience des individus sont souvent limités au milieu scolaire ou de travail ainsi qu'aux sites touristiques visités durant les vacances. Un travail pédagogique réflexif sur le concept de viabilité peut élargir les représentations des apprenants au sujet de l'espace et du temps. Les apprenants apprendront ainsi à considérer leur continuité avec le passé et leur pouvoir sur le futur, à être en contact avec les événements sociaux, culturels et naturels de leur communauté et à s'impliquer dans le déroulement et l'orientation de ces événements.
Dans cet article, nous avons ouvert le champ des interventions pédagogiques en éducation à la viabilité urbaine. Nous sommes certains que les chercheurs et professionnels enseignants poursuivront la réflexion. En effet, des changements importants doivent être effectués dans les valeurs et habitudes de vie contemporaines si on désire que les individus recherchent la viabilité urbaine et travaillent à sa construction. Au plan social, les personnes doivent réapprendre à voir l'autre (s'apercevoir de sa présence), lui sourire, l'encourager, l'aider à réaliser son potentiel ainsi qu'à travailler collaborativement… Au plan culturel, les personnes doivent reconnaître et démontrer leur propre culture, valoriser les autres cultures et tirer parti d'un partage d'idées multiculturelles dans la résolution de problèmes urbains. Au plan économique, les personnes doivent être conscientes des réalités économiques de leur milieu, avec leurs forces et faiblesses ; elles doivent apprendre à encourager l'économie locale, à valoriser les promoteurs de la richesse locale malgré leurs erreurs environnementales (cet élément est important pour l'ouverture d'un dialogue), à faire preuve de créativité pour l'exploitation des ressources du milieu. Au plan écologique, les personnes doivent être habilitées à apprécier les éléments naturels et construits de leur ville, à critiquer l'état et l'intégrité des écosystèmes naturels et à valoriser la présence de terrains laissés à l'état naturel. Au plan santé, les personnes doivent être capables de définir la santé comme un état général de bien-être et d'équilibre physique, mental et spirituel, de prendre conscience de leur propre état de santé et de contribuer avec fierté à favoriser la santé chez les autres. Pour réaliser ces changements majeurs dans leurs valeurs, les personnes doivent apprendre à élargir leur sentiment d'appartenance, à partir de leur maison, jusqu'à leur quartier et éventuellement leur ville.
Le travail accompli pour créer des stratégies pédagogiques destinées à modifier les valeurs et habitudes de vie contemporaines sera créatif et stimulant pour les pédagogues. En effet, n'est-il pas passionnant de savoir qu'on participe à un vaste mouvement collaboratif de réinvention des villes ?
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