Dans le cadre d’une exposition scientifique destinée au grand public, on donne aux élèves le mandat d’élaborer une affiche traitant de la question du réchauffement climatique. Cette affiche devra répondre à la question « De quoi s’agit-il ? » en apportant des informations provenant des différentes disciplines, points de vue et aspects (sociaux, environnementaux, éthiques, économiques, etc.) concernés par cette problématique. Pour cela, les élèves auront à se documenter à partir de sources d’information variées. Il s’agit d’un travail d’équipe au sein de laquelle chaque membre sera responsable de rassembler les connaissances concernant l’un des aspects. La mise en commun des informations et des opinions recueillies permettra l’élaboration de l’affiche. Finalement, chaque équipe devra présenter oralement son affiche devant l’enseignant et le reste de la classe. Ils seront également amenés à s’approprier des concepts disciplinaires qui sont en lien avec la problématique du réchauffement climatique et à en développer un (de leur choix) devant leurs collègues en classe. La construction d’un îlot de rationalité a pour but de répondre à la question « De quoi s’agit-il ? » en faisant appel à des connaissances provenant de différentes disciplines concernées par cette problématique. Le réchauffement climatique fait référence à une augmentation de la température moyenne de la Terre notée par bon nombre de scientifiques depuis la moitié du XXème siècle. Ce réchauffement est-il dû à l’activité humaine, aux cycles naturels du climat ou à un peu des deux? Toujours est-il que cette question occupe une part importante de l’actualité. Quelles peuvent être les conséquences du réchauffement climatique sur le climat, sur l’environnement et sur les êtres vivants? Contexte Le réchauffement climatique est un sujet d’actualité. Tout le monde a plus ou moins une idée sur la question. C’est dans ce contexte que cette SAE prend sa place, puisque le but de celle-ci est de permettre à vos élèves de faire un premier tour de la question de manière à ce qu’une représentation interdisciplinaire émerge de leur activité d’apprentissage. Finalités Cette activité devrait permettre aux élèves de construire une représentation interdisciplinaire de la question du réchauffement climatique et de se forger une opinion personnelle sur la base de critères que chacune des équipes se sera donnés. De ce point de vue, la finalité poursuivie par cette activité d’enseignement se veut démocratique car elle vise à préparer des citoyens à participer à des débats liés aux questions socialement vives. En abordant la question sous l’angle de plusieurs disciplines scientifiques, selon différentes perspectives et points de vue sur le sujet, les élèves sont appelés à prendre position de manière éclairée. De plus, l'élève est amené à enrichir sa culture personnelle sur ce sujet, ce qui rejoint une finalité humaniste. Destinataires Cette activité est destinée à des élèves de 4ème secondaire car la question du réchauffement climatique est l’une des quatre problématiques environnementales qui fait partie du programme de formation de l’école québécoise en Science et technologie. De plus, cette activité est spécialement destinée aux élèves se trouvant dans le parcours Science et technologie puisqu'il s'agit essentiellement d'une démarche de construction d'opinion et que cette dernière est nettement moins marquée au sein du parcours Applications technologiques et scientifiques. Produit À l’issue de cette SAE, les élèves doivent produire une affiche qui résumera leur représentation interdisciplinaire du réchauffement climatique, en regroupant différentes notions liées à plusieurs disciplines touchant cette problématique. Nous suggérons fortement qu’une fois la présentation de l’affiche faite, chaque équipe soit responsable de l’enseignement d’un concept disciplinaire lié au réchauffement climatique. C’est à vous de partager les responsabilités entre les équipes. Le cliché représente les conceptions d’élèves. Il est important d’en tenir compte car les élèves complexifieront ces représentations au fur et à mesure de la démarche d’îlot de rationalité. De quelle façon? Par un remue-méninge et des opérations de recadrage, en dressant un inventaire des représentations initiales, des savoirs disponibles, des connaissances préalables et des questions spontanées des élèves face à la situation. « La première étape de cette séquence didactique consiste à recueillir les connaissances et idées de départ des élèves, leurs préoccupations et les questions que soulève pour eux ce thème ».1 On peut en garder une trace concrète, sur affiche par exemple, de manière à réfléchir avec les élèves en fin de démarche à la manière dont ils ont enrichi ces idées de départ grâce à leur îlot de rationalité. Mais d’abord, tout enseignant a la responsabilité de se positionner sur la question. On ne peut prétendre à une dite « neutralité » par rapport à ce sujet. Vous devez prendre conscience que votre position orientera inévitablement votre approche de la question en classe. Voici un cliché possible qu’un enseignant pourrait avoir sur la question du réchauffement climatique : La question des changements climatiques est abordée régulièrement dans les médias. De nombreux chercheurs sont engagés dans des recherches sur la question et plusieurs équipes de scientifiques ont mis au point des modèles informatiques qui simulent l’évolution du climat et tentent de préciser l’influence des activités humaines sur le changement climatique. Des partis politiques et des groupes écologistes se préoccupent aussi de cette question environnementale. La population en général se sent de plus en plus concernée. Selon plusieurs équipes de chercheurs, la constatation de ce réchauffement est concomitante à l’observation de l’augmentation de la quantité des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Une théorie a été proposée, selon laquelle l’augmentation de ces gaz à effet de serre accélèrerait le réchauffement climatique récemment observé. Ceci nous semble une hypothèse possible. Le fait de noter deux phénomènes concomitants ne signifie pas que l’un soit la cause de l’autre. Malgré cela, il semble y avoir consensus au sein de plusieurs membres de la communauté scientifique à l’effet que l’augmentation des gaz à effet de serre soit la cause du réchauffement climatique. Le consensus actuel, ratifié par le GIEC, appuie donc la thèse selon laquelle l’activité humaine aurait une influence importante sur le réchauffement climatique. Par ailleurs, certains chercheurs disent noter une recrudescence de phénomènes climatiques extrêmes tels des pluies diluviennes, des ouragans ou des sécheresses inhabituelles. La question de savoir si ces phénomènes sont effectivement en augmentation ou si leur grande médiatisation nous donne cette impression reste en suspend. Toujours est-il que la tendance actuelle est d’attribuer ces phénomènes climatiques inhabituels au réchauffement climatique. Les adeptes de la protection de l’environnement ne peuvent que s’en réjouir car, ici encore, cela fait prendre conscience aux populations de l’importance des gestes visant à préserver l’environnement. Toujours dans cette même optique, on attribue au réchauffement climatique, à tort ou à raison, la modification anthropique des écosystèmes, en particulier ceux qui concernent les populations de pathogènes, comme la bactérie responsable de la maladie de Lyme ou le virus du Nil. Ici encore, on ne voit pas pourquoi les organismes pathogènes auraient le privilège d’être affectés par le réchauffement climatique au détriment des inoffensifs. La recherche du « sensationnel qui fait peur » de la part des médias y est peut-être pour quelque chose. De notre point de vue, les humains ont un pouvoir d’action, que ce soit pour diminuer la quantité de gaz à effet de serre émis dans l’atmosphère ou pour s’adapter à ce réchauffement et à ses conséquences sur les écosystèmes. Cette constatation est probablement une bonne chose car elle fait prendre conscience aux gouvernements des pays dits « développés » de la nécessité d’adopter des politiques de protection de l’environnement, d’économie d’énergie et de recherche de sources d’énergie moins néfastes pour l’environnement. Enfin, sans vouloir remettre en cause le fait que le phénomène du réchauffement climatique est préoccupant, il ne faut pas non plus lui attribuer à tort et à travers tous les maux de notre planète. À tout malheur, quelque chose est bon : cette crainte, justifiée ou non, du réchauffement climatique est un formidable moteur pour une prise de conscience des questions de protection de l’environnement et contribuerait à faire avancer les mœurs vers des habitudes de vie plus saines pour préserver la planète. 1Référence : Une démarche d’enseignement interdisciplinaire en science au secondaire. B. Bader et S. Barma, Spectre : L’intégration des préoccupations environnementales en Science et en technologie, février 2008. Acteurs et actants Chaque équipe établit sa grille d’analyse du réchauffement climatique en précisant la liste des acteurs, actants, contraintes (valeurs, normes, intérêts), enjeux, tensions et controverses. Il s’agit de commencer à se documenter sur ces différents éléments pour enrichir le cliché qui a permis de cerner les connaissances de départ des élèves. On distingue ici les jugements de faits des jugements de valeurs. En tant qu’équipe, on peut identifier ses propres valeurs lorsqu’il est question d’environnement et discuter du rôle des sciences dans ces questions. On établit enfin la liste des scénarios envisageables pour une action. Ce travail peut se faire en dehors des heures de cours. Il s’agit d’identifier les personnes, les groupes de personnes ou les structures matérielles qui sont impliqués dans la problématique du réchauffement climatique.
Contraintes (valeurs, normes, codes, modèles, obstacles, etc.) Nommer ici les contraintes concernant le réchauffement climatique, c’est-à-dire les obligations qui sont créées par des règles, des valeurs, des normes, des codes, des modèles ou des obstacles.
Enjeux Aspects importants associés à l’étude des changements climatiques :
Tensions et controverses Repérer différents arguments autour de la question du réchauffement climatique et les controverses qui en découlent. Ces controverses peuvent concerner un débat au sein d’une même discipline scientifique, entre des chercheurs de disciplines différentes, ou encore entre des groupes de pression qui ne partagent pas les mêmes positions. Un exemple de controverse concernant le réchauffement climatique concerne les causes de celui-ci. Bien que le rapport du GIEC 2007 attribue, avec 90 % de certitude, le réchauffement climatique à l’activité humaine, certains scientifiques doutent de cette conclusion et estiment que les données ne sont pas assez robustes pour tirer une telle conclusion. Il est vrai que si l’on considère l’histoire du climat de la Terre dans son ensemble, on peut tout à fait considérer que la variation naturelle du climat y joue un rôle important. Une autre controverse concerne les actions à mener. Alors que certains groupes de personnes, comme les groupes environnementaux, prônent une action de la part de chaque individu afin de contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, d’autres personnes estiment qu’il s’agit d’une cause perdue d’avance et que l’appât du gain sera toujours plus fort que toute conscience environnementale. Scénarios envisageables Il s’agit que chaque équipe repère les possibilités d’action qu’elle privilégierait ou pas face à la problématique du réchauffement climatique.
Boîtes noires à ouvrir Cette section permet d’identifier les différents aspects du problème que l’on décidera d’étudier plus en profondeur, ainsi que les connaissances qu’il faudra acquérir pour pouvoir analyser ces différents aspects. Une boîte noire représente un concept que l’on utilise sans savoir nécessairement comment il fonctionne. Dans cette section, il s’agit de choisir les concepts que l’on trouve pertinents à connaître pour mieux réaliser le projet final. Tous les concepts cités dans la section « Concepts prescrits » peuvent constituer des boîtes noires à ouvrir. D’autres boîtes noires plus spécifiques à la question du réchauffement climatique peuvent être ajoutées :
Disciplines à mobiliser Dresser la liste des disciplines qui s’appliquent à l’étude du réchauffement climatique.
Spécialistes à consulter Nommer les spécialistes qui pourraient être consultés. Un spécialiste est une personne qui peut aider à la compréhension de la problématique grâce à ses connaissances disciplinaires ou à sa familiarité avec la situation.
Sélectionner les aspects à intégrer dans la synthèse finale Dans cette section, chaque équipe précise, avec la supervision de l’enseignant, ce qu’elle décide de prendre effectivement en compte pour structurer sa représentation interdisciplinaire selon le projet qu’elle s’est donné et le contexte de classe. On restreint l’étude de la problématique à certains aspects seulement, qui sont choisis en fonction du message que l’on veut faire apparaître sur l’affiche. On garde une trace écrite des choix qui sont faits pour orienter la création de l’îlot. Il s’agit pour vos élèves de sélectionner les aspects de la problématique du réchauffement climatique que l’on veut intégrer dans l’affiche. Il sera probablement nécessaire que l’enseignant explique le lien qui existe entre les GES et le réchauffement climatique, en abordant l’effet de serre et le bilan radiatif de la Terre. On peut également en profiter pour parler des concepts touchant l’atmosphère ainsi que du cycle du carbone. Il est également important de situer le réchauffement climatique dans une perspective plus générale en abordant les variations climatiques naturelles de la Terre qui s’étendent sur de longues périodes géologiques. Nous vous suggérons de consulter et d’exploiter en classe avec vos élèves certains documents récents de la série Découverte. Il serait également intéressant de souligner certaines incertitudes qui demeurent ou des éléments de controverse entre chercheurs sur cette question. Hiérarchiser les données listées Il s’agit pour vous et vos élèves de classer les données sélectionnées au sein de chacune des équipes selon leur pertinence et leur utilité pour structurer leur représentation interdisciplinaire en fonction de leur prise de position sur la question. Négociez la hiérarchisation des données listées en fonction des contextes pédagogiques et des priorités à investiguer de manière plus approfondie. Au sein de chaque équipe, chaque élève est responsable de documenter un point parmi la liste des contraintes, enjeux, acteurs, actants, etc. concernés par la question. Choisir les boîtes noires à ouvrir Il s’agit pour vous et vos élèves de choisir les boîtes noires à ouvrir pour pouvoir analyser les aspects sélectionnés pour réaliser l’affiche. « Pour en arriver à une représentation interdisciplinaire de la question, des choix devront être faits en fonction du temps dont on dispose et des intentions précises du programme scolaire : on ne peut tout dire sur la question. Ces choix orientent alors les contenus disciplinaires qui seront approfondis, ceux qui seront mis de côté… ».[1] Ouvrir les boîtes noires et découvrir les principes disciplinaires Chaque membre de l’équipe choisit une boîte noire à ouvrir et réalise une recherche sur ce sujet. Les informations seront ensuite mises en commun pour réaliser l’affiche. [1] Référence : Une démarche d’enseignement interdisciplinaire en science au secondaire. B. Bader et S. Barma, Spectre : L’intégration des préoccupations environnementales en Science et en technologie, février 2008.
Exemple de démarche à suivre en classe.
N.B. D’autres références se trouvent dans les documents « boîtes noires ». http://www.ipcc.ch/home_languages_main_french.htm http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9chauffement_climatique http://fr.wikipedia.org/wiki/Changement_climatique http://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_de_serre http://effetdeserre.canalblog.com/ http://planet-terre.ens-lyon.fr/planetterre/XML/db/planetterre/metadata/LOM-data-g-e-s.xml http://planet-terre.ens-lyon.fr/planetterre/XML/db/planetterre/metadata/LOMmilankovitch-passe.xml http://www.dinosoria.com/glaciaire.htm GIEC, 2007, Bilan 2007 des changements climatiques. Contribution des Groupes de travail I, II et III au quatrième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat [Équipe de rédaction principale, Pachauri, R.K. et Reisinger, A. (publié sous la direction de~)]. GIEC, Genève, Suisse, 103 pages. Villeneuve, C. et Richard. F., 2007, Vivre les changements climatiques. Multimonde, 450 pages. Vous pouvez télécharger, d’un seul clic, tous les fichiers accompagnant la SAÉ. Tous les fichiers en format zip (première partie) Tous les fichiers en format zip (deuxième partie) |